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Zaid Tayeb


J’ai lu un petit post dont l’auteur est un professeur-formateur dans un centre de formation pédagogique dans lequel il pose une question à laquelle il cherche réponse. Tout d’abord, en sa qualité de pédagogue, c’est à lui qu’il revient de répondre aux questions que d’autres se posent ou lui posent. Cette question, formulée en arabe dans une tournure un peu confuse dit ce qui suit : « Deux sortes de professeurs : celui qui croit en l’autorité matérielle (sic !) (Solta madiya : je ne vois pas de quelle ‘’madda’’ il est question, à moins qu’il ne veuille faire allusion à la matière enseignée) qui prévaut en classe ; celui qui ne croit qu’en l’autorité cognitive pour attirer l’attention et créer une influence positive et quel est le troisième type… ? ».

Je crois que l’autorité ou le pouvoir que le professeur peut avoir sur son auditoire est loin de se réduire à ces deux types que notre éminent pédagogue cite dans un triplet mutilé. Le pouvoir que l’enseignant peut avoir sur la matière qu’il enseigne et l’ensemble des connaissances dont il dispose et qui forment le champ de référence, ne peuvent à eux seuls suffire à faire d’un professeur qui en a l’acquisition un bon professeur ou un professeur à succès. D’autres pouvoirs ou autorités sont indispensables dans l’acte pédagogique de conduire une classe.

Tout d’abord, le professeur, quelle que soit la matière qu’il enseigne doit avoir un certain pouvoir sur la langue. En effet, la langue, comme moyen d’enseignement, n’est pas seulement un moyen de communication qu’un locuteur utilise pour s’adresser à des interlocuteurs dans une situation donnée, mais et surtout un moyen de vulgarisation, de facilitation d’un ensemble de connaissances et de savoirs à transmettre à des apprenants. Nous sommes dans un univers scolaire et par conséquent dans un univers où dominent le genre didactique et le type explicatif. Ainsi donc, que le professeur de maths, de physique, de SVT, d’arabe, d’anglais, de français, ou de tout autre discipline prenne conscience qu’il ne peut pas réussir dans sa classe s’il ignore qu’il travaille dans un cadre bien précis et qu’il est appelé à se servir des moyens que lui offre la littérature pour s’engager dans l’exécution de son ouvrage.

Qu’est-ce qui caractérisent donc le genre didactique et le type explicatif ? La présence d’outils linguistiques du type : c’est-à-dire ; autrement dit ; en d’autres termes ; la définition ; le verbe être, Les répétitions, les périphrases, les deux points (à l’écrit)….Si le professeur de quelque matière que soit ne possède pas les outils linguistiques que lui offre la langue dans une situation didactique, il est certain qu’il ne lui sera pas aisé d’atteindre son objectif qui est de vulgariser, simplifier, faciliter et par conséquent rendre plus accessible. Ce qui en est des matières scientifiques en est également des matières littéraires et ce qui va pour les premières va également pour les secondes. C’est pourquoi il aurait pu être plus utile pour les professeurs en formation de s’approprier les moyens linguistiques de telle ou telle langue pour pouvoir mener à bien l’acte pédagogique qui consiste en la vulgarisation d’un savoir littéraire (compréhension ou production de l’écrit) ou scientifique (théorème de Thalès, la dérive des continents de Wagener ; la théorie de la relativité d’Einstein…)

En conclusion, la langue est un bien collectif qui relève de l’univers des lettres, mais que les littéraires tout comme les scientifiques utilisent à des fins didactiques. C’est pour cette raison, que, je crois, l’autorité de la langue prévaut sur toutes les autres mais à des degrés différents.

A suivre.